Exemple de coaching dans le cadre d'un recrutement
Quand le coaching apporte un peu de liberté...
Je conçois le coaching comme une approche ouverte, comme un guide qui permet à l’autre de « faire briller sa pépite », comme un moyen de grandir en passant une étape de vie. Après son coaching, Michèle m’a dit avoir découvert une forme de liberté et que désormais, elle vivait pour elle, avec un autre regard sur la vie et sur les obstacles qu’elle traversait. Elle sentait en elle plus de liberté. Voici en quelques lignes, l’exemple du coaching de Michèle.
Je reçois Michèle au moment de Noël. Elle m’avait appelé lorsque j’étais de retour d’une mission sur Paris dans sa société. Elle voulait que je l’aide à titre personnel car elle devait préparer des entretiens et des tests pour devenir manager de manager. D'ordinaire je n'aurais pas donné suite à sa demande car j’interviens pour sa société alors qu’elle souhaite travailler directement avec moi. Toutefois je suis intrigué par son appel au secours. Elle se présente à l'heure dite. C'est une femme d’une trentaine d'année, qui se dit sûr d’elle avec beaucoup d’ambition et qui veut avancer vite dans son entreprise.
Sa demande est la suivante : elle a l’opportunité de prendre un poste de management qui lui est proposé par un directeur qui l’a détecté et qui apprécie ces talents. Elle me dit : « Il me veut moi et c’est pour moi un vrai tremplin pour ma carrière ». Mais voilà, son entreprise l’oblige pour postuler à ce niveau de poste de d’encadrement de passer une série de tests et de participer à un entretien avec un recruteur externe. Elle dit ne pas avoir de souci sur les tests qui sont surtout techniques, il lui suffit de bosser. Par contre les entretiens avec le consultant compte beaucoup. Tout le monde dit que ces entretiens sont très difficiles : « le consultant questionne dans un premier temps le postulant pour savoir en quoi il pense être capable d’être un manager. Le deuxième entretien consiste à pousser la personne dans ses retranchements afin de voir comment elle est capable de tenir la pression et faire face à des situations extrêmes en matière de management ». C’est horrible me dit-elle, je dois avoir ce poste mais je suis paralysé à l’idée d’affronter ce consultant. On m’a dit tellement de mal que je crains de ne pas pouvoir y faire face.
Je lui demande ce qu’elle attend de moi. Une posture de coach sachant que je vais l’aider sans lui donner de solution mais en l’amenant à trouver ses propres réponses. Dans cette posture, je pourrais également travailler sur des mises en situation et l’entraîner dans la préparation des entretiens. Non me dit-elle, je veux des conseils, que vous me disiez ce que je dois dire ou faire pour répondre à ses questions et voir comment je tiens la pression lorsque l’on me met en difficulté.
Je lui dis que je ne suis pas sûr de pouvoir l’aider, qu’il me semble qu’elle attend trop de moi, que je suis plus un coach qu’un consultant en ressources humaines. Peut être qu’une personne comme cela lui serait plus adaptée ? Elle me dit avoir rencontré quelqu’un comme cela et qu’elle souhaite avoir un autre avis. Je suis tenté immédiatement de refuser, peut être piqué par l’idée de ne pas être la seule ressource à laquelle elle fait appel ? Je résiste et lui propose de faire un premier entretien et de décider ensuite de continuer ou d’arrêter ?
Je lui demande de me parler d’elle, de me dire où elle en est professionnellement ?
Elle se décrit comme quelqu’un de brillant qui a réussi ses études et qui a été rapidement embauchée dans cette grande entreprise dont elle fait partie depuis plus de 7 ans. Elle a toujours été considérée comme une personne avec une forte personnalité qui sait ce qu’elle veut.
Ce qui se semble le plus important, c’est sa carrière et sa réussite sociale. Certes, la famille cela compte, elle me précise : être mariée, avoir deux enfants et une vie familiale bien équilibrée. Son mari assume beaucoup à la maison et cela lui permet d’être disponible pour son job. Elle s’est beaucoup investie dans son travail et elle a eu beaucoup d’encouragement de la part de ses parents, de son mari et de ses patrons. Elle me dit que le regard des autres est très important, qu’elle ne veut pas les décevoir car elle est perçue comme quelqu’un sans faille, qui réussit toujours et dont on attend beaucoup. Elle ne peut pas se permettre d’échouer cette fois-ci car les « autres » ne comprendraient pas, et ils ont tellement fait pour elle. Son mari a quasiment abandonné sa carrière pensant qu’elle est plus capable que lui.
Le vécu de Michèle sous le regard de l'autre correspond malheureusement à un cas très classique de la projection dans le regard de l'autre du jugement qu'on a de soi. Je ressens de la déstabilisation et du paradoxe. D’un côté quelqu’un qui paraît sûr d’elle, forte, puissante, affirmée et de l’autre quelqu’un qui vit à travers les autres, avec une estime de soi toute relative. Je luis fais part de mon interrogation. Elle m’explique qu'elle a toujours été fortement valorisée dans son enfance mais qu’on lui a imposé un haut niveau d’exigence. Je détecte qu’elle fonctionne avec un message « sois parfaite ». Elle a la certitude qu'elle doit donner une image parfaite d'elles-mêmes. Montrer la moindre faille revient à démolir la perfection de cette image, compte tenu de la dichotomie de sa pensée en tout blanc/tout noir. Non seulement cette image ne doit montrer aucune faille, mais elle doit être conforme aux attentes (ou à ce qu'on suppose être les attentes) de l'autre. D'où un stress perpétuel pour " décoder " les moindres signaux d'attente et d’approbation de l'autre. Cette ambition de réussir à tout pris, de mettre la barre toujours plus haut, cette recherche de challenge permanent, elle l’attribue à une croyance très forte : « c’est comme cela qu’on avance dans la vie et que l’on sort de la médiocrité ». Elle me dit avoir peur que les personnes qu’elle aime, pensent qu’elle n’est à la hauteur, qu’elle ne se donne pas tous les moyens en réponse aux efforts qu’ils font pour elle. La réussite est pour elle obligatoire, l’échec n’est pas acceptable car il risque de remettre en cause tout les liens sociaux qui lui sont chers. Je perçois que sous sa personnalité affirmée, sa force présumée, elle est terriblement attachée au monde, elle survie pour les autres aux prix de très gros efforts et d’une déformation de son Moi. Elle ne semble pas « habiter sa vie » mais fait ce que l’on attend d’elle. Je comprend mieux m’a déstabilisation. Elle n’est pas affirmée mais égocentrique dans la mesure où elle ramène tout à elle, persuadée d'être le centre de l'attention des autres. Elle a tendance à tout généraliser dans ses propos à partir d'une expérience unique : par le passé cela s’est déroulé de cette façon, c'est toujours ainsi, ça ne peut pas être autrement. Elle me dit que plus qu’à l’habitude, elle vit une réelle difficulté pour affronter ce nouvel obstacle, qu’elle a besoin d’aide. J’entends qu’elle perçoit qu’elle a besoin d’aide pour avoir ce poste mais qu’elle commence à entrevoir qu’elle doit envisager un changement chez elle. Je lui cite les propos de Stéphane DIAGANA (champion du monde 400 mètres). Il m’a dit un jour qu’il avait été champion du monde à la fin de sa carrière alors qu’il avait repris des études et qu’il envisageait les JO avec un autre regard. Il percevait différents choix possible après JO, continuer ou envisager sa reconversion. Il m’a dit : « se mettre dans l’obligation de réussir, ne pas avoir le choix, c’est avoir trop d’enjeu et se mettre une pression trop forte qui tue le jeu (baisse de la performance) ». Pour Stéphane DIAGANA, il est important d’avoir le choix, d’accepter la réussite comme l’échec pour avoir la bonne pression et donner le meilleur au moment du jeu . Michèle me demande si à travers cet exemple, je sous entends qu’elle doit apprendre à accepter l’échec . Je lui réponds que ce n’est qu’à cette condition que je vais pouvoir travailler avec elle. Je veux m’assurer également qu’elle a la conviction qu’elle a bien tout le potentiel et les qualités pour devenir un manager et répondre aux exigences du poste. Pour l’instant elle m’avait parlé de ce que pensaient les autres d’elle et de ce que les autres voulaient. Si sa réponse était affirmative alors il fallait qu’elle abandonne l’idée que j’allais lui dire ce qu’elle devait faire ou comment elle devait mener son entretien avec le recruteur. Elle ne pouvait pas faire semblant mais être elle-même et mettre en avant ses qualités de managers, ce qui lui paraissait essentiel à développer pour occuper le poste qui lui était proposé. Je lui demandais si elle était prête à faire de la sophrologie et cela dans le but de renforcer son « Moi », d’apprendre à lâcher prise et de trouver en soi les propres réponses à ses questions. Elle avait maintenant besoin de vivre pour elle, d’avoir sa propre image d’elle, de ne plus croire que les autres avaient autant de poids dans ses décisions, dans ses choix. J’entrevoyais une réelle capacité à faire cette metanoïa, ce retournement sur soi, car une personne fragile, sans force aurait depuis longtemps développé une pathologie et sombré dans la dépression ou aurait fuit les situations. Elle, non. Elle savait faire face et elle avait supporté depuis longtemps l’énorme exigence à laquelle son entourage l’avait soumis. C’est pourquoi je lui proposais de réfléchir à tout cela. Si elle le souhaitait nous pourrions nous revoir et mettre en place un travail sur les deux mois à venir sur les bases suivantes :
- 7 séances de 3 heures
- Une première partie composée d’une séance de sophrologie . La priorité est d’apprendre à se renforcer, à lâcher prise, à développer en soi ses propres ressources. C’est aussi probablement de donner des "outils anti-stress » afin de se préparer à affronter ces deux entretiens qui sont fait pour faire peur et déstabiliser son interlocuteur. J’appris plus tard que les 2 entretiens étaient pires que ce que l’on avait imaginé : limite respect de la personne, situation de management totalement surréaliste, mauvaise foi, agressivité … Les règles du jeu étaient posées mais je ne pu m’empêcher de montrer mon désaccord par rapport à ce type de méthode qui me paraissent totalement dépassées et non respectueuse de l’individu.
- Une deuxième partie sous forme de coaching afin de travailler sur les qualités managériales, ses faiblesses, la motivation par rapport au poste, la vision et la stratégie envisagée lors de la prise de poste. Puis des mises en situation afin de simuler les entretiens avant de se livrer à l'indispensable affrontement dans la vraie vie. C'est un travail de préparation et d’anticipation, comme un entraînement encore une fois. En même temps sera entrepris un travail de déconditionnement des situations passées négatives source des croyances en un inévitable échec .
Michèle décida de revenir et le plan d’actions fut mis en place. La première séance de sophrologie fut une séance de découverte avec une séance de sophronisation de base et 3 étirements. J’avais acquis la conviction qu’il fallait travailler le deuxième degré en priorité pour développer la forme, construction du moi, distance avec les autres et protection à la fois. Cette première séance fut un réel succès, le souci d’exigence de Michèle contribua à se donner à fond dans l’exercice et suivre le terpnos logos sans se poser de question. Le débriefing fut étendu : bonne capacité de centration, sensation corporelle au moment de l’intégration, forme dans sa globalité, position debout avec « grandeur exprimée ». J’appris que Michèle suivait depuis plus de 3 ans des cours de Yoga. Cette première séance me confirma qu’elle avait du potentiel mais je ne m’expliquait toujours pas comment, avec toutes ces qualités (mentales et corporelles), elle n’avait pas pris sa place et vivait autant par le regard des autres. Je n’ai d’ailleurs jamais eu de réponse. Considérant l’importance de la répétitivité de la méthode, je proposais une sophronisation de base et trois étirements tous les jours, ce que fit Michèle. Dès ma deuxième séance, compte tenu de l’entraînement de Michèle, je mis en place une séance plus longue (sophronisation de base, trois étirements et la sphère protectrice). Compte tenu de l’urgence, du challenge, et des capacités de Michèle, il ne me parut pas essentiel de faire du premier degré. La progression fut régulière, chaque fois Michèle se présentait toujours un peu plus épanouie, plus sereine aux séances. Elle était impatiente de me parler de ses vivances et de démarrer une nouvelle séance de sophro. Je restais sur ma stratégie du second degré, privilégiant la répétitivité tout du moins sur la sophro de base, les trois étirements. Pour varier, j’ai fait une fois l’exercice du « schlag » avec la conscience enveloppante. Michèle me dit avoir pris du plaisir à passer du dedans au dehors et travailler ainsi la bidirectionnalité de la conscience. Exercice qu’elle réussit à faire en situation lors d’une réunion avec un groupe de client. Les mises en situation simulant l’entretien avec un consultant se déroulait généralement bien, j’avais toute fois une difficulté à jouer le méchant tellement je désapprouvais cette attitude. Michèle compris rapidement la puissance de la centration et la capacité à trouver en soi ses propres réponses. Plus elle était authentique, plus elle avait du rebond et se sentait capable de faire face à n’importe quelle question. A chaque fois qu’elle faisait semblant ou qu’elle donnait une réponse qui lui paraissait politiquement correcte mais qu’elle ne partageait pas, elle avait senti sa confiance baissée et sa fragilité apparaître. Elle savait maintenant que l’on ne vit pas pour les autres, que c’est son propre regard, ses propres vérités qui permettent d’exister et de s’assumer. Michèle réalisa ensuite les deux entretiens avec ce consultant dit « féroce ». Elle m’expliqua que le consultant avait été si désagréable qu’il n’était pas crédible. Elle avait eu plusieurs fois envie de tout arrêter. Elle le voyait entrain de jouer un rôle et elle savait qu’elle ne pouvait plus jouer à quelqu’un d’autre. Elle était désormais plus libre, libre d’être elle-même, libre d’accepter l’erreur, libéré du regard des autres et elle n’était plus dans l’obligation de faire ce que l’on attendait d’elle comme une enfant. Elle s’était retrouvé dans sa posture d’adulte, responsable de sa vie.
Ecrit par Patrick le Vendredi 23 Janvier 2009, 09:06 dans "Coaching" Lu 12564 fois.
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Loft Conversion - le 25-11-19 à 17:39 - #
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